../../../construction/Accueil

 
   
Introduction  
   
Les activités humaines et leurs impacts  
Conservation Issues
 
icon

Importance de la biodiversité

Introduction | Qu'est-ce que la biodiversité?
Les services que la nature rend à l'être humain
Justification économique de la préservation de la diversité
Justification médicale

Justification du point de vue de la stabilité
Justification esthétique et philosophique

Introduction

On s'inquiète beaucoup, ces temps-ci, de la dégradation de la diversité biologique. Cependant, peu de gens connaissent exactement les tenants et les aboutissants de ce phénomène et rares sont ceux et celles qui peuvent expliquer pourquoi il est capital de préserver la biodiversité. Cette page décrit certaines des dimensions qui rendent la diversité si cruciale. Des logiques économiques aux raisonnements plus philosophiques, mais non moins importants, nous verrons qu'elles sont diverses.

Qu'est-ce que la biodiversité?

Pour définir l'importance de la biodiversité et les moyens de la préserver, il faut avant toute chose s'entendre sur une définition claire de ce terme. On ne saurait se contenter d'assimiler la biodiversité à la nature : une telle définition, nébuleuse, ne permettrait pas de circonscrire les mesures de conservation les plus judicieuses. Par ailleurs, la forêt pluviale et le désert font tous deux partie de la nature mais diffèrent considérablement sur le plan de la diversité. Bien qu'elles aient été formulées par des gouvernements et des organismes internationaux, les définitions fournies dans la section d'introduction de ce site sont, elles aussi, assez vagues. À l'inverse, les définitions plus précises présentent souvent l'inconvénient de faire l'impasse sur certains éléments majeurs que les observateurs s'accordent à considérer comme parties intégrantes de la diversité.

Est-il bien indispensable de définir la biodiversité? Ne serait-il pas plus indiqué de la redéfinir à chaque fois selon le domaine considéré? Tant que l'on garde en tête la définition retenue ainsi que ses limites, cette approche pourrait en fait constituer le meilleur moyen de régler le problème ou, à tout le moins, de le contourner. Elle présente cependant certains revers. En particulier, si les utilisateurs de la définition et des principes qui en découlent perdent de vue le contexte dans lequel elle a été adoptée, ils risquent en bout de ligne d'aboutir à des conclusions erronées. La biodiversité formant une problématique très vaste, nous en retiendrons une définition délibérément imprécise pour les besoins de cette section. La notion de biodiversité est en réalité certainement plus facile et plus utile à expliquer qu'à définir.

Les services que la nature rend à l'être humain

Photo: Torsten BernhardtLa nature et la biodiversité nous procurent chaque jour de multiples services : de l'eau propre pour nous désaltérer, de l'air pur à respirer, des sols fertiles pour cultiver, des myriades d'insectes qui assurent la pollinisation des plantes, etc. (Voir descriptions complètes dans Daily, 1997). Ces services indispensables, pourtant, nous avons tendance à les tenir pour acquis et à ne pas leur accorder beaucoup d'attention.

Comme ces services sont en grande partie invisibles à nos yeux et qu'il est bien difficile de leur attribuer une valeur pécuniaire, ils font rarement le poids dans les décisions de développement et dans les politiques gouvernementales ou autres. Leur valeur a souvent été calculée pour des zones restreintes. Par contre, la première tentative mise sur pied pour la mesurer à l'échelle mondiale remonte à quelques années seulement. Leur valeur globale représenterait au moins 33 billions (33 x 10^12) de dollars, soit environ deux fois la production économique totale du monde!

Bien que cette estimation soit grossière et que la valeur exacte des services que la nature rend aux êtres humains reste sujette à discussion, ce chiffre nous permet de mieux mesurer l'importance de la diversité pour l'humanité et nous montre qu'elle mériterait d'occuper une place plus grande dans nos décisions stratégiques et dans nos politiques. Les analyses et les repères chiffrés nous aident aussi à définir d'une manière plus éclairée les priorités de la conservation.

 

Justification économique de la préservation de la diversité

Photo: Torsten BernhardtLa nature nous procure d'immenses avantages économiques directs et indirects. En 1990, les coupes de bois d'œuvre au Canada (essentiellement de peuplements naturels) et les pêches représentaient respectivement 7,5 et 1,5 milliards de dollars. Ces revenus générés par la récolte de ressources naturelles sont évidemment limités par la productivité intrinsèque de la nature. Ainsi qu'en témoigne l'effondrement récent des pêches dans la région Atlantique, tout dépassement des limites naturelles comporte des risques sur le plan économique, sans parler des impacts environnementaux.

Les entreprises agricoles modernes accordent souvent toute la place à des variétés très spécialisées d'espèces, lesquelles ont supplanté les systèmes naturels qui poussaient autrefois sur ces territoires. L'exploitation des terres au Canada génère 18 milliards de dollars par an (rentrées de fonds des fermes) et le bétail représente une valeur annuelle de 11 milliards de dollars. Toutefois, les pratiques agricoles remplacent les communautés naturelles par des systèmes extrêmement artificiels, ce qui réduit la biodiversité (pour plus de détails à ce sujet, voir page 3 de cette section).

Les activités de loisirs produisent également des revenus considérables. En 1996, les profits générés par les zones naturelles du Canada (par exemple, les parcs nationaux) se seraient élevés selon les estimations à 12 milliards de dollars en dépenses, auxquels se seraient ajoutés cinq milliards en recettes fiscales. Or, l'écotourisme est en pleine expansion au Canada, et ces chiffres devraient continuer d'augmenter à l'avenir. Au niveau international, cette source de revenus pourrait prendre une importance capitale dans les économies des pays en développement.

Justification médicale

Photo: Torsten BernhardtPhoto: Torsten BernhardtDes 150 médicaments sur ordonnance les plus prescrits au Canada, 118 étaient fabriqués à l'origine à partir de créatures vivantes, essentiellement des plantes. Au total, 70 % des médicaments qui sont utilisés à l'heure actuelle sont encore extraits ou dérivés de produits naturels. Les écorces d'arbres, par exemple, nous ont donné trois remèdes bien connus : l'aspirine (du saule); la quinine (qui contribue à prévenir la malaria et que l'on trouve dans l'écorce du quinquina); et le taxol (dérivé de l'écorce de l'if occidental et utilisé dans le traitement du cancer). La digitaline, utile pour certaines affections cardiaques, est extraite d'une plante que l'on appelle la digitale. En un mot, la liste des bienfaits médicinaux que la nature nous dispense est infinie.

Photo: Torsten BernhardtConsidérant l'importance médicale et financière des plantes, il est aisé de comprendre que la destruction de la biodiversité constitue un gâchis considérable. Nul ne sait exactement le nombre des composés d'origine végétale ou animale qui pourraient Photo: Torsten Bernhardtnous être utiles. À supposer même qu'une portion infime des plantes et des organismes qui nous entourent soit susceptible de nous fournir des produits médicaux, elle constitue déjà un trésor inestimable que nous ne pouvons pas ignorer et que nous ne devrions certainement pas détruire.

De nombreux fabricants de produits pharmaceutiques mènent actuellement des recherches en bioprospection. En d'autres termes, ils analysent différentesPhoto: Torsten bernhardt espèces végétales pour en déterminer les composés potentiellement utiles et signent parfois des ententes avec les gouvernements nationaux pour les exploiter. Combien de ces composés disparaissent avant d'avoir été découverts? Nul ne le sait. Cependant, nous connaissons déjà un nombre absolument considérable de composés potentiellement utiles, et ils ne représentent certainement pas la totalité des possibles.

Justification du point de vue de la stabilité

Nombre d'éléments du monde naturel freinent les changements qui pourraient s'y produire, quand ils ne les empêchent pas. Par exemple, les forêts préviennent l'érosion et évitent que les fortes pluies ne dégénèrent en inondations. Les processus naturels stabilisent aussi le climat, au moins dans une certaine mesure. C'est à la nature elle-même, plus qu'à la diversité, que nous devons cet effet stabilisateur. Ainsi, une forêt assez homogène prévient l'érosion tout autant qu'une forêt très diversifiée.

Nos infrastructures actuelles sont spécialisées à un point tel qu'elles exigent une grande stabilité. Par exemple, les dommages causés par les inondations entraînent des coûts considérables - à supposer même qu'ils puissent être réparés. Nos cultures font l'objet de spécialisations visant à accroître leurs rendements, mais ceux-ci dépendent de conditions bien précises. Si les paramètres environnants venaient à changer, nous serions contraints soit de déplacer les zones d'agriculture vers des régions qui réuniraient les conditions voulues, soit de développer de nouvelles souches agricoles. Dans les deux cas, l'adaptation exigerait un investissement massif de ressources. Enfin, tous nos bâtiments, nos routes, nos ponts sont conçus pour un type particulier de climat. Si les conditions climatiques changent, nos structures risquent fort de tomber en pièces.

Justification esthétique et philosophique

2am, Ellesmere Island. Photo: Laurie Consaul, Canadian Museum of NatureLa longue liste des bienfaits concrets que la diversité et la nature nous procurent devrait suffire à convaincre quiconque de leur importance. À ces avantages tangibles s'ajoutent pourtant d'autres bonnes raisons de les préserver - des raisons qui, bien qu'elles ressortissent plus à des considérations ésotériques, n'en sont pas moins tout aussi cruciales.

Hélas, les religions et les philosophies ne s'attardent guère à la nature et à sa diversité. Quelques exceptions méritent cependant d'être soulignées. Le judéo-christianisme, par exemple, mentionne d'une manière relativement directe la biodiversité en ceci qu'il exhorte les humains à une gestion éclairée et à une saine protection de la Terre. Les philosophies se penchent plus volontiers sur nos questionnements internes et ne s'intéressent pas vraiment à la diversité. Toutefois, la plupart des religions et des philosophies estiment que la destruction sans juste cause est mauvaise. Comme c'est aux humains qu'incombe en grande partie la dégradation de la diversité sur notre planète, c'est aussi à nous qu'il revient de mettre un terme aux ravages et de réparer dans toute la mesure du possible les dommages que nous avons déjà causés.

La nature, notamment sa diversité, présente aussi des qualités esthétiques non négligeables. Les randonnées et les expéditions en canoë contribuent de multiples façons à la vie économique mais surtout, elles enrichissent et embellissent la vie des personnes qui s'y adonnent. En outre, nous retirons du contact avec la nature bien plus que des retombées économiques ou un simple plaisir esthétique. Comment exprimer avec exactitude la beauté d'une forêt ou la satisfaction que procure une promenade au grand air? Ce bonheur étant impossible à quantifier, les débats sur la conservation ne lui accordent en général aucune place. Seuls les revenus économiques que les humains génèrent quand ils se rendent dans les zones naturelles peuvent être mesurés. Or, ils ne constituent au mieux qu'un baromètre bien insuffisant des impacts réels.

 

IntroductionLes activités humaines et leurs impacts