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Les activités humaines et leurs impacts

Introduction | La pêche | La foresterie | L'urbanisation et le développement
L'agriculture | L'industrie

Introduction

Comme toutes les espèces, les humains exploitent leur environnement pour en retirer les ressources dont ils ont besoin pour survivre. Toutefois, l'exploitation que nous faisons du monde surpasse de loin celle de la plupart des autres espèces. Ce phénomène résulte essentiellement de trois causes. Premièrement, nous disposons de techniques plus avancées. À l'instar de quelques autres espèces, nous utilisons des outils. À l'aube de l'humanité, cependant, nos premiers instruments manuels ne pouvaient guère causer que des altérations très locales à notre environnement. Aujourd'hui, nous avons la capacité de perturber des régions entières. Nos techniques ont tant évolué que nous possédons maintenant les moyens d'aplanir des montagnes ou de modifier le flux des rivières, deux projets complètement inenvisageables il y a encore quelques années. Contrairement aux autres espèces, nous avons acquis le pouvoir de modifier notre monde assez vite et relativement facilement.

Deuxièmement, la croissance extrêmement rapide de notre population intensifie nos impacts sur la Terre. Selon les estimations, la population humaine mondiale aurait atteint le milliard en 1804. Dès 1927, nous étions deux milliards, et trois milliards en 1960. Nous sommes actuellement six milliards et serons presque neuf milliards en 2050. À " seulement " six milliards d'humains, déjà, les activités les plus minimes au niveau individuel prennent une ampleur imposante et produisent des effets majeurs quand on les rapporte à l'ensemble de l'humanité.

Troisièmement, et dernièrement, nos habitudes de consommation exercent une incidence capitale sur le devenir de la Terre. Les nations les plus riches consomment plus de ressources et génèrent plus de déchets que les moins fortunées.

Ces trois facteurs conjugués expliquent l'impact que les humains produisent sur la planète. Nous allons maintenant analyser plus en détail les principales activités responsables de ces changements.

 

La pêche

Les flottes de pêche prennent une ampleur considérable depuis quelques décennies. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que les bateaux de pêche du monde entier (ils sont plus de 3,5 millions) ont puisé dans les eaux du monde quelque 122 millions de tonnes de poissons en 1997, six fois plus qu'en 1950. (Le terme " poisson " recouvre ici les poissons au sens strict tels que les saumons, les truites, etc., et les fruits de mer, c'est-à-dire les crustacés et les mollusques.)

L'industrie de la pêche capture actuellement bien plus de poisson que les océans n'en peuvent produire. Dans presque toutes les pêcheries du monde, on constate une diminution des prises en dépit des efforts de plus en plus soutenus qui sont déployés pour les maintenir. De nombreuses zones d'exploitation ont même dû être fermées. Au Canada, les Grands Bancs de morue de Terre-Neuve constituent un exemple bien connu de ce phénomène. Or, la surpêche n'est pas attribuable à un manque de connaissances. Ainsi que le souligne le New Scientist, depuis des années, les experts des pêcheries recommandent poliment à leurs gouvernements de ne pas autoriser les flottes à pêcher autant la saison suivante. Chaque année, la réponse gouvernementale est la même : " Désolés! Cette fois encore, nous allons autoriser des prises très supérieures à celles que vous, les scientifiques, avez préconisées. " Soucieux d'engranger des retombées économiques et politiques positives à court terme, les gouvernements sont très tentés de maintenir les quotas de pêche à un niveau élevé. Ils se montrent même tout disposés à subventionner massivement les flottes. Selon la FAO, les entreprises de ce secteur ont reçu en 1992 quelque 50 milliards de dollars, presque autant que les 70 milliards de dollars que représentent les poissons qu'elles ont pêchés.

Photo: Roy H. HansenCette surpêche cause l'extinction commerciale de certaines populations importantes sur le plan économique. En d'autres termes, leur effectif baisse tellement qu'il n'est plus rentable de les exploiter. Si les prises sont suspendues à ce stade, il reste possible que ces espèces évitent l'extinction biologique. Le laps de temps indispensable pour qu'elles redeviennent viables sur le plan commercial est fonction de leurs cycles de vie propres, mais il semble bien être d'au moins plusieurs décennies.

Quand une ou plusieurs populations ichtyologiques (de poissons) baissent fortement, les dynamiques écologiques de l'océan changent. Les prédateurs des espèces en déclin subissent les impacts négatifs du recul numérique de leurs proies. D'autres espèces peuvent commencer à reprendre à leur compte les rôles qui étaient ceux des groupes en régression, et rendre ainsi difficile, sinon impossible, le rétablissement des effectifs de ces groupes menacés à leur niveau antérieur. Une espèce dont le rôle est usurpé par une autre peut se trouver condamnée à l'extinction alors même qu'elle ne fait plus l'objet de prises massives.

Avec les techniques modernes, les entreprises de pêche attrapent bien d'autres espèces que celles qu'elles visent. Par exemple, les filets dérivants et les palangres tuent au passage quantité d'autres espèces, y compris des oiseaux et des mammifères marins. Ces prises fortuites (dites aussi " accidentelles ") représentent un quart de la pêche totale. Or, la plupart des animaux capturés de manière accidentelle ne survivent pas à la prise et sont rejetés morts à l'océan. De son côté, le chalutage de fond détruit la structure des fonds marins et dévaste leurs communautés, lesquelles mettent souvent beaucoup de temps à se rétablir.

Depuis quelques années, l'aquaculture (l'élevage d'espèces aquatiques) s'impose de plus en plus comme une réponse possible au déclin des stocks de poissons dans le monde. Cette technique consiste à faire grandir des poissons dans des bassins fermés, parfois simplement des zones d'un plan ou d'un courant d'eau naturel séparées du reste par une barrière. Malheureusement, bon nombre des poissons les plus importants sur le plan commercial sont piscivores (c'est-à-dire qu'ils se nourrissent de poissons) et le pisciculteur doit souvent jeter trois à cinq kilos d'autres espèces dans leurs bassins pour produire un seul kilo du poisson voulu. En d'autres termes, il faut mettre sur pied des pêcheries pour nourrir les poissons des piscicultures.

L'aquaculture suscite aussi un certain nombre d'inquiétudes, notamment en ce qui concerne l'eutrophisation des eaux environnantes, c'est-à-dire l'accumulation de quantités excessives de nutriments provenant des excréments des poissons des piscicultures et des aliments qu'ils n'ont pas consommés. Par ailleurs, tout animal d'élevage est susceptible de se sauver de son enclos ou de son bassin. Si les poissons " en cavale " sont des espèces envahissantes, ils peuvent faire fuir les populations indigènes et altérer l'écosystème. S'ils appartiennent à la même espèce que les populations locales, ils risquent de se reproduire avec elles et d'introduire ainsi de nouvelles caractéristiques génétiques potentiellement nuisibles pour les spécimens indigènes.

La pêche sportive en eau douce pose aussi dans certains cas des problèmes de surpêche et d'introduction d'espèces commerciales allogènes dans des lacs et des rivières, un phénomène que l'on observe dans tout le Canada et dans le monde entier. La perche du Nil nous fournit un exemple éloquent des conséquences possibles. Introduite dans le lac Victoria en 1954 à titre d'espèce sportive, elle a proliféré d'une manière stupéfiante dans les années 1980. Comme elle se nourrissait des autres poissons du lac, 65 % de ceux-ci se sont éteints et l'écologie du lac s'en est trouvée radicalement changée.

La foresterie

L'exploitation forestière a ceci de commun avec la pêche qu'elle consiste à recueillir une ressource naturelle dynamique (une ressource qui croît et décroît naturellement). Les deux activités présentent par contre une différence majeure : dans la pêche, c'est le nombre des prises qui compte; en foresterie, c'est la surface de la région exploitée qui constitue le paramètre le plus important. Les entreprises forestières enlèvent les arbres des forêts et détruisent au passage les habitats qu'ils avaient créés.

Clearcut. Photo: Canadian Forest ServiceLa méthode de " récolte " la plus commune en foresterie est celle de la coupe à blanc, qui consiste à abattre en une seule fois tout le peuplement forestier d'une région. Cette technique est beaucoup destructrice que la coupe sélective (dite aussi " coupe d'écrémage "). Sur le million d'hectares de forêts qui ont été exploités au Canada en 1996, 86 % l'ont été par coupe à blanc; moins de la moitié de cette superficie a été réensemencée ou replantée. Évidemment, quand tous les végétaux d'une zone sont abattus ou arrachés, la diversité biologique chute instantanément. Il faut ensuite des décennies pour qu'une nouvelle forêt repousse et atteigne les mêmes dimensions et la même densité que la précédente. Or, même quand ses arbres ont acquis la même taille que ceux qui les avaient précédés, la nouvelle forêt est moins diversifiée que l'ancienne. En outre, plus la forêt détruite était ancienne, plus la nouvelle lui est inférieure sur le plan de la biodiversité. Le nouveau peuplement, surtout s'il est effectué par plantation, est généralement uniforme du point de vue de la densité et des essences, ce qui est en soi artificiel. Cette uniformité forestière contribue aussi à restreindre la diversité en ceci qu'elle réduit le nombre des environnements susceptibles d'accueillir des espèces différentes.

En plus de faire baisser la diversité, la coupe à blanc met à nu la couche de terre superficielle, riche en éléments nutritifs. Le vent et les pluies n'ont alors aucun mal à l'emporter et les nutriments se retrouvent dans les rivières, dont ils causent l'eutrophisation (une accumulation excessive de débris organiques). Rappelons-nous aussi que les forêts absorbent une partie des pluies. Sans elles, les inondations se multiplient.

Même quand les exploitants forestiers renoncent à la coupe à blanc intégrale et laissent des bandes ou des sections de la forêt sur pied, les résultats restent douteux. La lisière des zones préservées souffre des assauts du vent et la région s'assèche. Certes, le phénomène est naturel et se produit aussi dans les forêts non exploitées, mais il ne touche que les bords des peuplements et les zones centrales sont protégées. Après exploitation, les sections restantes étant de simples lisières pour la plupart, la majorité des arbres ayant survécu à la coupe finissent par se dessécher.

Les espèces qui ont besoin de vastes espaces, par exemple les grands mammifères comme les ours, ne peuvent pas survivre dans les franges forestières étriquées qui subsistent après les coupes. Les routes, y compris les chemins forestiers, fragmentent aussi la forêt en zones restreintes et produisent donc les mêmes effets que les coupes.

 

Montreal. Photo: Jardin botanique du MontrealUrbanization and development

Selon Statistique Canada, environ 78 % de la population canadienne vit dans des zones urbaines (chiffre de 1996). Bien que très densément peuplées, ces régions sont relativement petites. Depuis quelques décennies, toutefois, l'étalement urbain et surtout, l'expansion des banlieues, tendent à les agrandir. Or, les villes génèrent une forte pollution qui pose parfois problème aux populations vivant sous le vent ou en aval des cours d'eau et qui peut aussi influer sur les climats locaux.

Les villes s'étant bâties généralement au cœur des terres agricoles les plus riches, leur croissance finit par empiéter sur les fermes. Le réseau de routes, de voies ferrées et de communautés satellites qui accompagne inévitablement le développement urbain fragmente à la longue les habitats naturels et menace les espèces indigènes. Dans le corridor Québec-Windsor, l'écozone des plaines à peuplement forestier mixte héberge la moitié de la population humaine du Canada. Or, cette écozone est également très riche en espèces animales et végétales. Le développement de la région impose d'énormes contraintes aux communautés naturelles locales, à tel point que cette zone regroupe aujourd'hui la moitié des espèces menacées du Canada.

L'agriculture

Combine in rice field. Photo: www.farmphoto.comLa culture (productions végétales) constitue la plus importante des activités agricoles (l'ensemble des élevages animaux et des productions végétales) et occupe la majeure partie des terres dans le sud du Canada. L'écozone des Prairies lui est presque entièrement dédiée. Il ne reste que 13 % des basses prairies (prairies d'herbes courtes) d'autrefois et 19 % des prairies mixtes; quant aux prairies hautes, elles ont complètement disparu. Cette réduction draconienne des habitats originels représente une menace importante pour les espèces des Prairies. Par contre, de nombreux ravageurs et autres parasites sont introduits dans la région et y prospèrent vigoureusement, en particulier grâce aux vastes étendues consacrées à une même source alimentaire.

L'agriculture à très grande échelle a des impacts directs sur d'immenses superficies, mais aussi sur les climats locaux et même régionaux. Le détournement des eaux des rivières et des bassins hydrographiques pour l'irrigation assèche les habitats naturels. Par ailleurs, les rivières dans lesquelles se déversent les eaux de ruissellement des terres agricoles finissent par être empoisonnées par des quantités excessives de nutriments et de pesticides. L'agriculture intensifie aussi l'érosion des sols par les précipitations et par le vent. Or, ces sols peuvent endommager les écosystèmes aquatiques dans lesquels ils aboutissent. La déperdition de nutriments risque en outre de rendre stériles des terres agricoles autrefois productives.

Par rapport à la culture (productions végétales), l'élevage du bétail ne produit que des impacts relativement mineurs. Les exploitations intensives suscitent néanmoins un certain nombre de problèmes au niveau local, notamment en ce qui concerne la pollution des cours et des plans d'eau par les excréments animaux.

The Jeffrey Mine. Photo: Canadian Museum of NatureL'industrie

Définie comme recouvrant non seulement les activités manufacturières mais aussi les mines, les barrages et les centrales électriques, l'industrie exerce des incidences importantes sur de vastes régions du pays. Certaines structures, par exemple les mines, ont des impacts d'ampleur assez restreinte; d'autres, comme les barrages, produisent parfois leurs effets sur des zones gigantesques. Les barrages bloquent le courant en aval et immergent d'immenses territoires en amont. Ces inondations causent une décomposition végétale massive dans les eaux, provoquant souvent d'importants rejets de mercure.

Nombreuses sont les activités qui génèrent de la pollution : pollution thermique (par exemple, l'eau chaude utilisée dans les processus industriels et rejetée dans les voies et les plans aquatiques naturels); pollution chimique des eaux et des sols; pollution atmosphérique à l'origine des pluies acides; etc. Dans les anciens modèles économiques, la pollution était tenue pour une " externalité ", un effet secondaire extérieur au modèle, et donc, elle n'était pas prise en compte. Fort heureusement, ce point de vue est en train d'évoluer.

Les changements climatiques, souvent désignés sous le terme de " réchauffement planétaire ", constituent sans aucun doute l'impact le plus frappant de l'industrialisation. Les gaz à effet de serre produits par l'industrie et par les véhicules motorisés altèrent le climat de la Terre tout entière. Nous ne sommes pas en mesure de prévoir à l'heure actuelle la tournure exacte que prendront ces changements. Sachant toutefois que nos constructions et nos fermes peuvent difficilement être déplacées, nous pouvons en conclure que tous ces changements auront sans doute des effets nocifs. Il est difficile d'imaginer bouleversement plus majeur qu'une altération du climat à l'échelle planétaire. C'est pourtant bien à ce phénomène que nous assistons actuellement, et personne ne peut prédire où il nous mènera.

 

 

 

Importance de la biodiversité Les axes de préservation prioritaires