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Conservation Issues
 
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Les axes de préservation prioritaires

Introduction | A focus on species | Protecting ecosystems | Deciding what gets protected

Introduction

Connaissant l'importance cruciale de la diversité et sachant que nos activités la détériorent, une seule conclusion s'impose : il faut mettre en œuvre des stratégies pour la préserver. S'il est relativement simple de convenir qu'elle doit être protégée, la détermination des mesures à prendre pour ce faire est plus complexe et suscite plus de controverse. Les dimensions de la diversité qui doivent faire l'objet d'une telle protection ne font pas non plus l'unanimité. Cette section rappelle brièvement l'évolution des points de vue sur la conservation et certaines des conceptions et des priorités des programmes actuels. La section de ce site consacrée à la législation fournit une information plus détaillée sur les lois adoptées et sur les organismes actifs dans le domaine.

Les espèces, vedettes incontestées de la conservation

Golden eagle. Photo: Peter MirejovskyAutrefois, considérant le monde comme prodigue en ressources infinies, les êtres humains ne se préoccupaient pas de conservation. La préservation de certains territoires répondait à des impératifs purement économiques. Fondé en 1885, le parc de Banff n'a pas été institué à l'origine pour protéger la faune et la flore, mais bien pour offrir aux visiteurs un lieu de villégiature et un centre récréatif en pleine nature. Les premiers projets de conservation visaient avant tout à protéger des espèces. Cependant, toutes les espèces menacées ne bénéficiaient pas d'une telle protection. Dans les premiers programmes, seules les plus importantes sur le plan économique étaient prises en considération. Le déclin de certaines espèces et leur disparition éventuelle suscitaient des inquiétudes, mais l'élimination de certaines autres, tenues pour nuisibles, constituait un véritable soulagement pour les êtres humains. Ceux-ci, avec le temps, se sont toutefois mis à protéger aussi les espèces qui ne présentaient pas d'intérêt commercial direct pour eux.

En matière de conservation, nous avons souvent tendance à restreindre la réflexion aux seules espèces. Pourquoi? Parce que la disparition d'une espèce est plus facile à observer et à constater que la dégradation de la diversité génétique ou le déclin d'un écosystème. Par ailleurs, bon nombre des espèces menacées sont photogéniques et elles éveillent sur-le-champ une réaction affective favorable. Même sur le plan scientifique, il est plus aisé d'étudier les espèces que les gènes ou les écosystèmes (voir explications dans la section sur la théorie), raison pour laquelle elles se taillent la part du lion dans les projets et suscitent un intérêt peut-être démesuré même parmi les biologistes spécialisés dans les questions de conservation.

La protection des écosystèmes

Jusqu'à récemment, les programmes de protection portaient exclusivement sur les espèces. Même les habitats étaient laissés pour compte, les humains restant convaincus que l'environnement n'avait pas de limites et que leurs activités n'exerçaient qu'un impact minime sur lui. Ils pouvaient donc considérer comme menacées certaines des espèces qu'ils cueillaient, chassaient ou pêchaient, mais sans estimer pour autant que les systèmes dans lesquels elles s'inscrivaient pouvaient eux aussi se trouver en danger. Il a fallu attendre 1947 et la création du Service fédéral de la faune (aujourd'hui, le Service canadien de la faune) pour que les écosystèmes bénéficient d'une véritable protection légale.

Il n'est pas très efficace de chercher à sauver les espèces une par une. Le COSEPAC recense plus de 300 espèces et populations en voie de disparition ou menacées au Canada (voir la section sur la législation), et la mise en œuvre de projets distincts pour sauver chacune d'elles constituerait rien de moins qu'un gaspillage de temps et de ressources. La protection de leur habitat est beaucoup plus pertinente, car il est assez improbable qu'une espèce disparaisse si elle vit dans son environnement naturel et qu'il est protégé. En plus de préserver les groupes déjà en danger, cette méthode évite que les autres espèces du même habitat soient menacées à leur tour et elle maintient l'intégrité écologique de la région. La protection de zones entières assure en définitive la sauvegarde de tous les niveaux de diversité.

De nombreux efforts ont été déployés pour protéger les systèmes. Ils n'ont toutefois guère été pris au sérieux jusqu'à ce que paraisse, en 1987, le rapport de la Commission Mondiale des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement (CMED, dite aussi Commission Brundtland) intitulé Our Common Future / Notre avenir à tous. Ce document a eu des répercussions majeures sur la réflexion et sur les actions ultérieures. Soulignant que la protection des habitats se révèle plus efficace que l'intervention au cas par cas pour protéger les espèces, il a largement contribué à la généralisation de cette pratique.

La détermination des dimensions de la diversité à préserver

Idéalement, toute la diversité biologique devrait être préservée. Force nous est toutefois d'admettre que cet idéal n'a guère de chances de se concrétiser dans un proche avenir. Au lieu de protéger au petit bonheur des fragments épars d'habitat, les programmes devraient viser en principe à préserver un ensemble de systèmes et d'espèces qui sont en danger immédiat ou qui présentent certaines caractéristiques. De nombreux pays se sont dotés de lois qui empêchent ou entravent l'élimination de représentants des espèces menacées et la destruction de leur habitat. Dans le même ordre d'idée, les lois de protection des écosystèmes en péril sont de plus en plus nombreuses. Au Canada, c'est le COSEPAC qui désigne les espèces menacées; malheureusement, le Canada ne possède à ce jour aucune loi qui permettrait de protéger de manière systématique les espèces en danger, et la liste établie par le COSEPAC n'a pas force exécutoire.

Photo: Sinead CollinsCertaines régions abritent un nombre particulièrement élevé d'espèces. Ces " zones névralgiques " de la biodiversité sont généralement situées sous les tropiques, mais le Canada n'en est pas dépourvu. Au niveau mondial, on estime que près de la moitié des espèces végétales supérieures et plus du tiers des espèces d'amphibiens, de reptiles, de mammifères et d'oiseaux vivent dans 25 zones névralgiques ne représentant que 1,4 % de la surface terrestre planétaire. Naturellement, cela ne signifie pas que les autres régions du monde puissent être détruites sans qu'aucun dommage ne soit causé. Par contre, la préservation des zones névralgiques permet de protéger beaucoup d'espèces sur des superficies relativement restreintes du globe. Les zones qui remplissent des fonctions écosystémiques capitales malgré leur surface réduite (par exemple, les terres humides ou les marais, qui filtrent l'eau) sont très particulières et méritent aussi d'être protégées. Les espèces cruciales ou " pivots " (voir la section sur la théorie) présentent également des caractéristiques remarquables; comme les terres humides, elles exercent sur leurs systèmes respectifs un impact plus fort que leur importance numérique ne pourrait le laisser supposer de prime abord.

Quand vient l'heure de déterminer si une espèce ou une région doit être protégée, le processus décisionnel prend souvent, et c'est bien regrettable, des allures de concours de popularité. Les espèces et les régions qui emportent la faveur du public suscitent un intérêt plus vif et soulèvent plus de passions que leurs homologues moins séduisantes. Ainsi, les insectes en danger ne bénéficient pas de la même attention et des mêmes égards que les mammifères menacés d'extinction, et les paysages pittoresques sont défendus avec plus d'ardeur que les marais. Ce phénomène est si répandu qu'un terme a été forgé pour désigner les espèces les plus aimées : la " macrofaune charismatique ". En d'autres termes, les efforts de conservation ne portent pas forcément sur les espèces et les régions les plus importantes ou les plus menacées mais plutôt, dans plusieurs cas, sur les plus attrayantes aux yeux des humains. Sachant le nombre effarant des espèces qui sont sur le point de disparaître, on ne peut que déplorer cet état de fait.

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